Dimensions : 53 x 43cm
Tels autant de papillons multicolores, des angelots sont épinglés au fond de cette boîte. Vous savez ! Ces boîtes d’entomologie que l’on découvre au dernier craquement du parquet grinçant d’un vieux musée d’histoire naturelle, méticuleusement posées sur un pupitre de bois, juste après les larges vitrines des psittacidés que la taxidermie a figés dans un mutisme incolore et contre nature. Vous y êtes ? Dans ces boîtes bien rangées s’exposent quelques lépidoptères rêvés, aux ailes irisées, classés, classifiés, étiquetés…
Ici, des angelots de plâtre, dont certains font décoration une fois peints ou dorés, sont recouverts d’un collage de photos de magazines, bois pour bois, tissus pour tissus, cheveux pour cheveux… Pour chacun d’eux les fragments d’images ayant servis pour la peau sont de couleurs différentes, du très pâle au très foncé, de l’ivoire à l’ébène, car si les anges n’ont pas de sexe, il n’ont pas non plus de race. Pour les ailes, les photos choisies sont en rapports avec les arts, ici les yeux de Maryline peints par Warhole, là un orchestre, ou encore un vitrail. Leurs yeux sont ceux d’artistes, Sting pour le guitariste, Natacha Atlas pour un autre, Cindy Crawford, etc….
Comme dans une vraie boîte d’entomologie, où chaque papillon est savamment étiqueté de son nom latin, chaque ange est nommé dans un implicite latin de cuisine : « Vertuus Exemplaritatis », « Ars Abilis », « Sophia moralisensis », « Ethos Conséquensis », « Acta Gratis », « Sophia Protocoloris », « Ethos respectabilis », « Alter Sapiens Sapiens », « Ethos Amabilis ».
Et pour en finir avec l’homologie entomologique, une étiquette présente l’ensemble ainsi regroupé : « Espèces protégées. En voie de disparition dans les régions septentrionales ».
Ceux qui connaissent mes boîtes ont tout de suite remarqué que le cadre de cette boîte n’en avait pas le « vernis gris » habituel, mais était en bois naturel, en fait elle m’a été donnée tel quel par John Cockin, fondeur d’art travaillant à l’école des beaux-arts de Lyon où il l’avait récupérée lorsque celle-ci déménagea, en 2006, des pentes de la Croix-Rousse au quai de Saône. John, avec qui je m’étais lié d’amitié lors de ses nombreux passages en mon atelier, où j’ai eu la chance de pouvoir montrer son remarquable travail. Et, c’est donc cet aspect « bois naturel » qui, à l’été 2007, m’a donné l’idée d’y épingler quelques anges, alors que John, sans que je le sache, les rejoignait… elle restera, donc, pour moi une boîte très particulière.
